Par Sylvie Lefrère - Lagrandeparade.com/ Pénétrer dans l'enceinte du théâtre Lucernaire, c'est une immersion dans un lieu chargé d'histoire, qui reste toujours animé. Un bar, un restaurant, une librairie, plusieurs salles de spectacles, théâtre et cinéma. Ce soir nous sommes invités à monter un escalier puis un autre, puis un autre pour atteindre la salle Le Paradis.

Catherine Artigala nous attend. La ressemblance est troublante. Elle est assise au fond d'un fauteuil, dans sa tenue neutre, intemporelle. Derrière ses lunettes noires, nous sentons son regard. Celui de la femme curieuse des autres. Elle nous fait pénétrer dans ses souvenirs en commençant par les dernières années de sa vie. Nous allons circuler dans son parcours sentimental en suivant ses émotions au rythme de son flux veineux, des battements de son coeur, de l'oxygène véhiculée dans ses artères.
Elle a eu de belles rencontres. Elles s'en souvient comme si c'était hier. L'alcool a été son compagnon le plus fidèle. Il a dû accentuer certains de ses plaisirs.
Dès le plus jeune âge, elle est au contact du corps de l'autre. Elle y va sans peur. Offerte. Curieuse de nouvelles expériences. Une sensibilité à ses sensations s'eveillent, et révèle une part de son écriture. Qui oubliera " L'amant"?
Au milieu de ce décor, elle marche, tout en racontant cette vie singulière remplie d'aventures.
La littérature, le cinéma, la musique, sont ses voyages. Les hommes la poursuivent. Elle a une attraction particulière. L'un dort sur son paillasson, d'autres lui téléphonent en quête de rendez-vous. Elle en joue. Elle a une prédilection pour l'été. Sa chaleur ponctue ses plus forts souvenir.
Elle partage son regard sur sa famille, sur sa mère. Elle nous rappelle que nous sommes tous pétris par notre histoire familiale qui nous plombe, et un jour on s'en libère.
Elle pose un regard sur la femme de cette époque, la femme au foyer. Elle gardera un intérêt pour l'hygiène. Pour le reste vous savez.
Elle nous parle de ses amours, traçant des lacets entre les tables de la scène. Remplir son verre irrigue ses étapes. Elle aime les hommes, et les paysages. L'exotisme de l'Indochine, la beauté de la mer qu'elle aime contempler, sa maison de Neaufles.
Les quelques notes d'Indian song nous enveloppent en volutes.
Puis nous quittons la salle chargée par l'histoire intime de Marguerite Duras, femme moderne qui nous ressemble.

LA VIE MATÉRIELLE
De  : Marguerite Duras
Mise en scène : William Mesguich
Une performance de :  Catherine Artigala
Adaptation : Michel Monnereau

Création sonore : Matthieu Rolin
Lumière et décors : William Mesguich
Costumes : Sonia Bosc
Production : Passage production

Dates et lieux des représentations: 

- Jusqu'au 27 août 2023 au Théâtre du Lucernaire - PARIS - https://www.lucernaire.fr/