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Le songe d’une nuit d’été de Philippe Person et Florence le Corre : Rêver, aimer

  • Écrit par : Christian Kazandjian

Songe Par Christian Kazandjian - Lagrandeparade.fr/ Avec Le songe d’une nuit d’été, Shakespeare nous emmène au royaume des contes. Le Lucernaire en donne une version rock déjantée et jubilatoire.
Cela pourrait commencer par le célèbre : « il était une fois ». Ce Songe d’une nuit d’été tient, en effet, du conte. Qu’on en juge : des fées, des elfes, des enchantements, des travestissements. Rien ne manque à cette forme de délire qui, habituellement chez Shakespeare, se vêt de rouge et de noir, de meurtres et de sang. Avec cette comédie déjantée on touche au merveilleux, à l’univers de l’enfance où l’imagination est tout. A l’occasion de mariages royaux, les sentiments se débrident, les jeunes gens se libèrent des contraintes, qui si elles ne sont pas sociales, n’en demeurent pas moins des freins aux amours. Ainsi, si Hermia aime Lysandre, son père la réserve à Demétrius qui fuit les amours d’Helena, tout comme la reine des elfes esquive les avances du mage Oberon flanqué de son valet Puck. Tout alors se complique. Comment résumer une série de quiproquos, de coups fourrés, de sortilèges, sans s’y perdre à un moment. Alors le mieux est de se laisser porter, dans une forêt enchantée où tout devient possible. Car, la forêt est de tout temps, dans tous les contes, (cf. Perrault, Grimm, Andersen), le lieu de toutes les fantaisies, de toutes les peurs, de toutes les licences et fantasmes. Et comme dans tout conte, cette nuit magique se clôt en « happy end ».
Shakespeare a choisi le rêve pour tisser la trame de l’histoire. Car en rêve tout est permis, puisqu’au réveil tout s’efface, sauf une sensation de bien-être, de liberté, dont on garde, quelques heures durant le souvenir fugace. Shakespeare avec cette comédie a pu donner libre cours à sa poésie, son imagination, sa maîtrise des intrigues, son goût de la transgression : on s’y travestit, on laisse ses sens bousculer l’ordre social, (une reine certes victime d’un philtre, s’emmourache d’un baudet, des ouvriers peuvent jouer le rôle d’aristocrates), on moque les puissants. Mais on en revient toujours à l’amour, ce moteur des rapports humains apaisés, comme le suggèrent les Beatles avec All you need is love.
La mise en scène de Florence Le Corre et Philippe Person, ressort de l’opéra rock : ça tourbillonne à mille à l’heure, l’œil est sollicité dans chaque coin de la scène, quitte à y perdre le fil d’une histoire qui n’a de fait pas vraiment d’importance, sauf à nous faire rire. Ce spectacle est le fruit de l’école d’art dramatique du Lucernaire née en 2015. Les douze protagonistes, sont les élèves qui durant deux ans ont appris le métier, avant d’être lancés sur les planches. Au vu du spectacle on peut juger de la qualité de l’enseignement. Ces jeunes comédiens entrent dans la carrière du bon pied, avec pour viatique une pièce du grand Shakespeare. Un spectacle, exempt de vulgarité, mais pas de gaillardise, apte pour un jeune public, où on rit et retrouve une âme d’enfant.

Le songe d’une nuit d’été d’après William Shakespeare
Adaptation : Philippe Person
Mise en scène : Florence Le Corre et Philippe Person

Dates et lieux des représentations: 
- Jusqu'au 26 août 2018 au Lucernaire, Paris 6e (www.lucernaire.fr). Réservations : 01.45.44.57.34

© Jennifer Guillet


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