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Le livre de ma mère : un éloge vibrant à l'amour et au sacrifice maternel

  • Écrit par : Edith Huguet

TimsitPar Edith Huguet - Lagrandeparade.fr/ Albert Cohen écrit ce superbe texte en 1954. Une lettre-roman dont l'héroine n'est autre que sa mère regrettée qu'il veut sacraliser afin que son image soit éternelle. Il l'évoque avec une infinie poésie, idéalise cette mère qui avait fait de l'amour maternel un sacerdoce, couvant son fils avec dévotion et l'inondant d'amour absolu.

Sa plume refuge, fidèle confidente, fait ressurgir tous ces moments simples mais si heureux, mais aussi des regrets intenses. L'écriture "elle console" et "elle venge" mais surtout elle permet enfin de refermer ce livre de deuil.

Dans un décor sobre, Dominique Pitoiset signe une mise en scène discrète et efficace, animée de projections pour "concentrer le jeu sur l'émotion". Patrick Timsit interprète ce monologue théâtral dans la sobriété et la justesse. La limpidité du texte renforce ce récit autobiographique. Patrick Timsit incarne ce fils avec beaucoup de simplicité et de retenue, hanté par cette mère parfaite et incomparable et distillant ce lyrisme poignant et obsessionnel.   

[bt_quote style="default" width="0"]Chaque homme est seul et tous se fichent de tous et nos douleurs sont une île déserte.[/bt_quote]

Arrivé à Marseille à cinq ans, Albert Cohen décrit  la difficulté pour un étranger de débarquer en terre inconnue. Il évoque la pauvreté, qui éloigne mère et fils de la vie sociale, et mettant beaucoup de tendresse dans les mots il transporte avec lui dans ce nid douillet rempli de petits bonheurs qui cachent les difficultés de leur vie. Les souvenirs-pansements avec cette mère sécurisante, rassurante et réconfortante le projette dans le passé où il retrouve le royaume perdu de son enfance en mettant en émoi tous ses sens pour une douce respiration. Patrick Timsit déverse toute sa tendresse pour cet enfant de dix ans : nostalgie de l'enfance disparue à jamais. Il raconte subtilement cette mère héroique, touchante et pathétique, qui ne tremblait et ne respirait que pour son fils et qui l'aimait aussi pour ses faiblesses. On entend aussi la jalousie touchante du fils envers ce médecin rival qu'ils admiraient tous deux pour son savoir et sa notoriété ."Je la revois charmée, émue, jeune fille le raccompagnant à la porte,rougissante." 

[bt_quote style="default" width="0"]Dans les yeux de ma mère ,il y a toujours la lumière.[/bt_quote]

Le fils tant aimé n'a pas protégé sa mère pendant la guerre, la laissant seule en France dans la peur de la Gestapo, et allant se réfugier à Londres. Patrick Timsit narre avec profondeur et délicatesse cette difficulté de l'aveu, aveu de préférer la passion de l'amante qui le fascine encore à la "majesté" de l'inconditionnel amour maternel : aveu flagrant d'ingratitude. Sa mère qu'il négligeait, allant jusqu'à la qualifier de folle désespérée mettant en scène sa souffrance lors de leurs  séparations douloureuses. Elle qui pouvait être réveillée en pleine nuit et faire comme si elle ne dormait pas, qui pouvait sauter dans un premier train pour Genève à sa demande, attendre trois heures sur un banc de square sans rien dire pour le voir une fois l'an : Ô mère de l'abnégation ... 

[bt_quote style="default" width="0"]Amour de ma mère à nul autre pareil.[/bt_quote]

La compassion filtre dans les mots dédiés à cette mère sentinelle, trop envahissante dont il usait et abusait et qu'il pleure depuis sa mort . "Toutes les mères sont mortelles". Patrick Timsit nous délivre cet hommage à la mère dans une superbe interprétation tout en intériorité et avec une pudique émotion contenue. Il souffle le vibrant message d'Albert Cohen aux "fils des mères" encore vivantes, y mêlant générosité et chaleur. 
De cette lettre-confession s'élève un chant d'amour dédié à la vertu de chaque mère, mère sainte protectrice, femme pleine de bonté, guide lumineux du monde entier. Une émouvante déclaration d'amour ! 

LE LIVRE DE MA MÈRE D’ALBERT COHEN

MISE EN SCÈNE : DOMINIQUE PITOISET
AVEC PATRICK TIMSIT
D’APRÈS LE LIVRE DE MA MÈRE D’ALBERT COHEN ÉD. GALLIMARD

DURÉE : 1H15 ENVIRON

Dates et lieux des représentations: 

- Du 20 décembre 2017 au 6 janvier 2018 au Théâtre de l'Atelier - Paris - Tel. +33 (0)1 46 06 49 24

- Les 3 et 4 avril 2018 au Théâtre Bernadette Lafont - Théâtre de Nîmes ( 30) - Tel. +33 (0)4 66 36 65 10

- Le 10 avril 2018 à l'Espace Diamant - Ajaccio - Tel. +33 (0)4 95 50 40 80

- Le 12 avril 2018  au Théâtre Toursky à Marseille - Tel. +33 (0)820 300 033

- Les 8 et 9 novembre 2018 au Gymnase ( Rue du Théatre Français, 13001 Marseille ) Tél : 04 91 24 35 24

- Le 16/11/2018 - 20:30  au Théâtre de Chelles - Tel. +33 (0)1 64 21 02 10

- Du sam. 26/01/19 au sam. 02/02/19 aux Célestins, Théâtre de Lyon -Tel. +33 (0)4 72 77 40 00

 


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