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Dimitri Papaioannou : The Great Tamer ou l'éternel retour du même

The great TamerPar Bertrand Sinapi - Lagrandeparade.fr/ Etendu, couché, Il nous précède. Le gisant. Le mort ! Non Il bouge ! Non Il bouge et le spectacle commence.

Et le mot est choisi, car du spectacle nous en aurons, de l’image nous en aurons. Des morts, comme celle dans laquelle s’enracine le spectacle, celle de ce jeune garçon qui s’est suicidé après avoir été persécuté par ses camarades, nous en aurons. Ce corps retrouvé enseveli dans la terre boueuse nous le verrons, nous le verrons et nous le reverrons. « Cette vie telle que tu l’as vécue, tu devras la vivre encore une fois et d’innombrables fois » L’éternel retour nietzschéen.

 

L’homme s’étend, se recouche sur l’amas de planche qui constitue la scène. Un autre arrive, le recouvre d’un voile blanc. Un troisième fait chuter une planche, le vent emporte le linceul et le manège continue. On jurerait voir Antigone et Créon se battre pour l’ensevelissement de Polynice.

On comprend que Dimitris Papaioannou et sa bande ne le laisseront pas mourir comme ça, ce jeune homme dont la mort a été le ferment de leur création. Que le crime se doit d’être exposé au monde.

Des tréfonds du décor, les corps se succèdent, meurent et renaissent à la file les uns des autres.

Les idées s’égratignent, foncent, courent. Car ce ne sont pas des formes, pas des danseurs que nous voyons s’agiter devant nous. Mais bien des idées ! Et ce n’est pas tous les jours que nous est offert le plaisir de voir danser, virevolter, tournoyer des idées devant soi. La magie est là, le climax retenu. L’inventivité est incroyable, mais le climax ne viendra pas. Le « Beau Danube » que l’on entend depuis un moment s’essouffle, s’asphyxie de plus en plus… Et c’est là que le « spectacle » prend tout son sens.

Il aurait été facile de nous faire vibrer, de nous faire pleurer, il aurait été facile de faire un « beau spectacle ». Mais la retenue est là… et se fabrique pour nos yeux une œuvre d’une complexité et d’une richesse rare !

 Comme un archéologue d’un temps futur, un cosmonaute traverse le plateau, plonge ses mains dans les tréfonds du plancher, arrache de la terre le corps d’un homme puis, se dénude. Le scaphandre s’ouvre et révèle une femme, elle couche l’homme sur son sein. Toute la tristesse du monde se dégage de cette piéta improvisée et Papaioannou réussit en un tour de main à confronter la brutalité de la mort d’un seul à celle de toute une humanité.

Le corps de l’homme rejoint la terre, nous savons qu’il reviendra, encore et encore après que le spectacle se soit terminé et l'on pense à ce proverbe mexicain : "Ils ont essayé de nous enterrer. Ils ne savaient pas que nous étions des graines."

The great tamer

Avec Pavlina Andriopoulou, Costas Chrysafidis, Ektor Liatsos, Ioannis Michos, Evangelia Randou, Kalliopi Simou, Drossos Skotis, Christos Strinopoulos, Yorgos Tsiantoulas, Alex Vangelis

Conception, composition visuelle et mise en scène : Dimitris Papaioannou
Scénographie et direction artistique : Tina Tzoka
Lumière : Evina Vassilakopoulou
Costumes : Aggelos Mendis
Son : Kostas Michopoulos, Giwrgos Poulios
Musique :  Johann Strauss II, An der schönen blauen Donau, Op. 314
Arrangements musicaux : Stephanos Droussiotis
Sculpture : Nectarios Dionysatos
Peinture des costumes et accessoires : Maria Ilia
Assistanat à la mise en scène : Pavlina Andriopoulou, Stephanos Droussiotis, Tina Papanikolaou
Direction des répétitions : Pavlina Andriopoulou
Assistanat scénographie et peinture des accessoires : Mary Antonopoulous
Assistanat sculpture : Maria Papaioannou et Konstantinos Kotsis
Direction technique : Manolis Vitsaxazkis
Régie plateau : Dinos Nikolaou
Régie son : Kostas Michopoulos
Assistanat son : Nikos Kollias
Production et coordination artistique : Tina Papanikolaou
Assistanat de production Tzela Christopoulou, Kali Kavvatha
Administration de tournée et diffusion Julian Mommert

Production Onassis Cultural Centre (Athènes)
Production exécutive 2WORKS
Coproduction Culturescapes Greece 2017 (Suisse), Dansens Hus Sweden, EdM Productions, Festival d'Avignon, Fondazione Campania dei Festival – Napoli Teatro Festival, Théâtres de la Ville de Luxembourg, National Performing Arts Center (Taiwan), Seoul Performing Arts Festival, Théâtre de la Ville/La Villette-Paris
Avec le soutien de Alpha Bank et pour la 71e édition du Festival d'Avignon : Centre culturel hellénique de Paris

 Dates et lieux des représentations :

- Du 19 au 26 juillet 2017 à la Fabrica - Festival d'Avignon 2017

- Du 28 au 30 septembre 2017 à Séou - Seoul Performing Arts Festival

- Du 5 au 8 octobre 2017 à Bâle- Culturescapes Festival

- Du 8 au 10 novembre 2017 à Stockholm - Dansens Hus Stockholm

- Du 17 au 19 novembre 2017 à Taipei - National Performing Arts Center

- Les 2 et 3 mars 2018 à Lisbonne - Centro Cultural de Belém

- Les 9 et 10 mars 2018 à Porto - Rivoli - Teatro Municipal do Porto

- Du 20 au 23 mars 2018 à Paris - Parc et Grande Halle de La Villette

- Le 29 mars 2018 à Luxembourg - Les Théâtres de la Ville de Luxembourg

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