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Fermé pour cause de guerre : une ode à la tolérance

  • Écrit par : Guillaume Chérel

FerméPar Guillaume Chérel - Lagrandeparade.fr/ Cartoucherie de Vincennes ! Endroit unique, étonnant, envoûtant! Comme si le temps s’était arrêté dans les années 70. Le bois de Vincennes, un centre d’équitation, des roulottes, des enfants qui jouent tout autour et de grands bâtiments rénovés en salles de théâtre : celui du Soleil de la Tempête et de l’Epée de Bois… Accueil chaleureux du public par des acteurs qui font tout : cuisine, billetterie, décor, costumes, etc…et puis, enfin, ils jouent.

Affirmer qu’assister à « Fermé pour cause de guerre » est l’assurance de passer un « bon » moment ne serait pas le terme exact. Disons plutôt que c’est intense, dérangeant, obsédant mais surtout pas jouissif, ni ludique. Forcément, le sujet principal est la guerre… alors ça fume, ça pète, ça claque, ça crie, ça dit des mots durs et ça grince, comme les spectateurs installés sur leur siège en bois. Même s’il y a des moments de tendresse et des raisons d’espérer. Avec la naissance d’un bébé… venu de « l’autre camp ».

Nous sommes dans un pays en guerre. Les Balkans, peut-être. Sisyphe, maçon devenu ramasseur de morts déterre une femme enceinte et muette. Il la conduit à l’hôpital le plus proche. Hôpital fantôme dans une ville fantôme, où se terrent quelques survivants : Gaïa, la collectionneuse de vÅ“ux humains aux jambes brûlées, le capitaine au cerveau abîmé, Orphée, la rescapée des camps atteinte du typhus, Sven, le soldat amputé d’un bras, et, épisodiquement, Juliette, la très jeune veuve usée par les maux de ventre. Tous cloîtrés. Entre les mains d’une ombre de médecin invisible et d’une infirmière épuisée à qui il ne reste que des caisses de morphine pour soigner les douleurs et les cauchemars. Il s’agit donc de s’agit de survivre…

L’auteur(e), Marianne Oestreicher-Jourdain annonce qu’elle a écrit cette pièce pour dire son écœurement de l’Histoire sans cesse renouvelée dans sa saleté : « Pour dire que sans racine nous sommes tous des condamnés à mort en puissance et que nous avons tous droit à notre identité. Y compris nos morts. Pour dire que sans actions, la mémoire devient vaine et qu’il ne faut pas se contenter de souffrir. Pour dire aussi que la haine nous guette tous et qu’il faut veiller à ne pas laisser se réveiller nos instincts. Il existe encore des hommes de bonne volonté. A nous de les trouver au fond de nous-mêmes. »

Quant à la metteur(e) en scène, Sophie Bellissen, assistée de Sonadie San, elle explique avoir voulu montrer l’horreur des conséquences de la guerre : « Elle peut nous paraître lointaine et sans signification et pourtant elle est toujours aussi réelle et omniprésente (…) Avec ce spectacle nous dénonçons le mal-être dans lequel nous vivons aujourd’hui et souhaitons enfin la paix pour demain … ». Cette pièce parle de différence et fait éclater la signification de l’appartenance à une « histoire », et les problèmes que cela génère : la haine et le jugement. Bref, soyons à l’écoute de nos différences pour qu’enfin la compréhension et la tolérance triomphent. L’échange et le partage doivent prendre le dessus sur la peur de l’autre ou de l’inconnu. Peace and love, on vous l’avait dit. Faites l’amour, pas la guerre. Le spectacle se termine d’ailleurs par une chanson en hébreu où le mot shalom, shalom est souvent prononcé. Les hommes sont morts ou absents. Les femmes peuvent enfin chanter en paix…

Fermé pour cause de guerre de Marianne Oestreicher-Jourdain.

Mise en scène : Sophie Belissent, assistée de Sonadie San

Avec Dany Lohezic, Sophie Belissent, Julie Manautines, Régine Jaworski, Pauline Bel, Premyslaw Lisecki, Luis Tamayo, Jonathan Hostier.

Production : Le Temps Présent dans la salle en bois de l’Epée de Bois / Cartoucherie.

Route-duchamps de manœuvre – 75012 Paris (Bois de Vincennes, derrière le Parc Floral, prendre le bus 112 et système de navette).

Billetterie : 0148081875 ou www. Epeedebois.com, jusqu’au dimanche 4 juin à 16 h.


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