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Orchestre Titanic : une comédie nourrie d’humanité et noyée d’illusions

Orchestre TitanicPar Philippe Delhumeau - Lagrandeparade.fr/ A l’heure où les frontières des pays de la Zone Schengen soulèvent contre-débats et tollés à cause de l’afflux massif de populations fuyant des territoires en guerre, il y a des gens miséreux qui, quelque part, font fi de leurs tristes conditions et espèrent partir vers un monde meilleur… Un idéal mécanisé qu’aurait pu écrire Aldous Huxley.

Une gare, quatre personnages sans le sou y ont posé leur tente et leur caddie bondé de bouteilles vides. Un quai de gare, quatre personnages affichent un sourire de façade décrépie dès qu’un  train est en approche. Une vie au pluriel que la société a marginalisée. La survie pour un ancien cheminot, un montreur d’ours, un chef d’orchestre et son amie. Qui sont-ils ? De quoi vivent-ils ? Pourquoi ?
Hristo Boytchev, un dramaturge bulgare qui aiguise des histoires de femmes et d’hommes sur le fil de la vie. L’écriture, un équilibre entre vivant et survivant, illusion et désillusion, sirop et alcool. Titanic Orchestre, un texte balkanique dans la mise en situation et volcanique dans la coulée de quatre tempéraments bercés de rien et de semblant.
La scène du Théâtre de L’Aquarium s’apparente à un monde qui n’appartient à personne car difficile est-il de croire que demain sera à l’identique d’aujourd’hui, stable et durable. Le commun des hommes se jalonne de courants et de contre-courants qui s’affrontent en silence jusqu’à l’épuisement et l’anéantissement des forces vives. Lesquelles s’enferment les jours, les mois et les années passant dans une forteresse en ruine. La pluie cingle les idées sombres, le vent balaie les espoirs, le soleil sèche les idées. Que reste-t-il à l’homme pour se nourrir d’alcools qui l’abreuvent d’évasions ? Qui peut se vanter de sortir la tête de l’eau sans jamais plonger de nouveau ? Qui est qui pour montrer du doigt et porter un regard d’indifférence aux sans-abri et autres SDF qui surgissent de nulle part, souffrent sans crier et meurent dans l’anonymat sans recevoir les derniers sacrements. L’homme construit sa vie comme l’architecte dessine les plans de grands ensembles. L’existence est un échafaudage qui s’élève à la hauteur des ambitions et des projets de celui qui croit en son avenir. Jusqu’au jour où la structure s’effondre sous le poids de la grande désillusion et le présent se réduit à l’immédiat peuplé de désirs confettis.
Meto, Doko, Louko et Lubka partagent misère, immobilisme, respiration, alcool et imaginaire. Leur quotidien rime avec les trains qui passent et ne s’arrêtent jamais en gare. Mais l’ex-chef d’orchestre les entraine à jouer un numéro de départ, valise en main et sourire figé. Débarque d’un container Hari qui surprend les quatre paumés car il se veut rassurant, posé et réfléchi. Qui est-il ? Les amis l’écoutent attentivement, suivent ses conseils et font preuve de détermination le jour du grand départ.

Philippe Planton réalise une mise en scène psychologique dans le fondement de soi par rapport à l’autre, narrative dans la déclinaison de destins décousus,  intimiste dans l’exploration personnelle des consciences et burlesque dans la façon d’être des comédiens. Mais le train tant espéré, ne serait-ce pas l’un des personnages qui se démarquerait par son énergie et sa force de propositions de partir vers un monde meilleur. Espoir mécanique, désillusion humaine, Titanic Orchestre s’ouvre sur de nombreuses interrogations… Avec ou sans réponses ! Un bel exercice de philosophie.

Orchestre Titanic
Comédie philosophie et burlesque de Hristo Boytchev

Traduit du bulgare par Iana-Marie Dontcheva (Editions l’Espace d’un instant)
Mise en scène Philippe Lanton / Cie Le Cartel

Scénographie et lumière : Yves Collet

Collaboration lumière : Christelle Toussine
Construction du décor : Franck Lagaroje
Assistante mise en scène : Emilie Prévosteau
Son : Thomas Carpentier
Costumes :Raffaëlle Bloch
Conseiller illusion : Nicolas Hédouin
Avec Bernard Bloch, Olivier Cruveiller, Philippe Dormoy, Christian Pageault, Evelyne Pelletier

- Du 10 janvier au 5 février 2017, du mardi au samedi à 20h, dimanche à 16h (relâche exceptionnelle le mardi 24 janvier) à la Cartoucherie( Route du Champ de Manoeuvre, 75012 Paris - Téléphone : 01 43 74 72 74)

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