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La Peur : du suspense hitchcockien au théâtre Michel

  • Écrit par : Guillaume Chérel

La peurPar Guillaume Chérel - Lagrandeparade.fr/ L’histoire semble bateau, déjà vu et lu mais c’était sans compter le talent de Stefan Zweig et l’interprétation quasi parfaite des trois comédiens qui jouent dans « La peur Â», une pièce adaptée d’une nouvelle a priori banale, répétons-le. L'histoire est classique : une femme, un mari, deux enfants et un grand ennui qui assaille l’épouse. Un mari, avocat, qui travaille beaucoup trop… pour avoir le temps de s’occuper de sa femme. Et des enfants qu’on devine négligés, comme la mère. Bref, madame « bovaryse Â». Elle est mûre pour l’adultère. Mais là où Zweig surprend son public, c’est dans sa façon de raconter la lente descente aux enfers de la femme qui s’enfonce dans le mensonge et la peur qui en découle, suite au chantage d'une voisine du quartier qui l'a vue descendre de chez son amant et qui lui extorque de plus en plus d’argent. Le mari lui parait parfait car il semble à l’écoute, change son rythme de vie, malgré la tension et les disputes.

Construit comme un roman à suspense, la pièce se déroule au rythme haletant des angoisses d’Irène, jeune femme traquée, folle de peur et d’angoisse qui monte, monte… Car ce qu’il y a peut-être de plus terrible avec les secrets, c’est qu’ils ne soient pas découverts ou révélés. La chose restant cachée, la tension demeure. Le secret ferme une porte et la peur emprisonne. C’est le piège du non-dit. Le corps parle à la place du cÅ“ur. Il se dérobe et explose. La situation empire jusqu’au dénouement final en forme de coup de théâtre. La formule consacrée a toute sa place ici. Les deux actrices (Hélène Degy et Ophélie Marsaud ) sont très impliquées dans leur rôle. Aliocha Itovich qui joue le mari est plus en retrait mais exactement comme Zweig le décrit, froid et père de famille à l’ancienne, laissant la responsabilité des enfants à la femme. Laquelle ne s’en laisse pas compter et s’émancipe à sa manière en le critiquant ouvertement sur son travail : comment peut-il défendre des coupables ? Mais ne l’est-elle pas elle-même ? Le pousse-t-elle à la condamner ? A réagir enfin… Autre alternative, pour s’échapper, s’évader, se libérer, il faut avouer, dire la vérité. Toute la vérité ? Et dire : je le parjure !

De facture classique ce spectacle haletant fonctionne à merveille. Les interprètes incarnent parfaitement les tourments intérieurs de chaque protagoniste. La peur, incarnée par deux femmes, monte crescendo et on sort de la salle presque soulagé mais en ayant perdu la notion du temps. Ce qui est toujours un bon signe quand on va au théâtre...

La peur d’après la nouvelle de Stefan Sweig
Adaptation et mise en scène : Elodie Menant
Avec Hélène Degy, Aliocha Itovich et Ophélie Marsaud.

- Du 7 octobre au 31 décembre 2016 au Théâtre Michel (38 Rue des Mathurins, 75008 Paris - Téléphone :01 42 65 35 02) et prolongations jusqu'au 26 février 2017 !

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