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Opium, La Zampa : "Une terrible beauté est née..."

  • Écrit par : Virginie Gossart

ZampaPar Virginie Gossart - Lagrandeparade.fr/ Il n'est pas si fréquent de se prendre une réjouissante claque visuelle et sonore... C'est chose faite avec ce spectacle protéiforme qu'est "Opium", nouvelle création de La Zampa, compagnie d'artistes associés au Théâtre de Nîmes pour les saisons 2015 et 2016. La Zampa, c'est un collectif fondé par Magali Milian et Romuald Luydlin, qui développe un langage chorégraphique très physique. Le projet d'Opium cherche à interroger la notion de peuple, de groupe, de communauté. Les deux fondateurs de La Zampa sont allés à la rencontre de personnes très diverses, dans une collaboration étroite avec le journaliste anthropologue Julien Cernobori et deux photographes, Soraya Hocine et Anya Tikhomirova. Ensemble, ils ont cherché à comprendre les mouvements contradictoires qui constituent notre monde et l'environnement dans lequel nous évoluons.

«(...)La perte croissante du monde, la disparition de l’entre deux.Il s’agit là de l’extension du désert, et le désert est le monde dans les conditions duquel nous nous mouvons (…).
Le danger consiste en ce que nous devenions de véritables habitants du désert et que nous nous sentions bien chez lui. » C'est par cette phrase aussi puissante qu'énigmatique d'Hannah Arendt que s'ouvre le spectacle. Elle deviendra ensuite une sorte de leitmotiv.  Après la ronde lancinante de plusieurs corps aux formes indistinctes autour d'une table, dans des jeux d'ombre et de lumière très cinématographiques (on pense beaucoup à David Lynch ou au Jim Jarmush d' Only Lovers left alive), la musique sombre et stridente d'un orchestre aux influences post-rock accompagne un groupe de danseuses singulières et charismatiques qui évoluent et s'expriment dans une ambiance de cabaret apocalyptique. Les ruptures de ton et de rythmes sont nombreuses, comme lorsque une danseuse au visage recouvert de plumes semble littéralement "jaillir" sur scène, dans des mouvements aussi saccadés que maîtrisés, créant dans le public un malaise palpable. Dans un souci de réalisme et de vérité, les artistes se changent et se maquillent au fond de la scène, sans aucun temps mort. Les éclairages et les costumes ajoutent à l'atmosphère parfois gothique d'un ensemble visuel et musical très homogène. Quelques intermèdes drôles ou absurdes viennent parfois libérer la tension, comme lorsqu'une des danseuses s'excuse longuement auprès du public d'être incapable de résister au son de la musique, secouée chaque fois de mouvements involontaires et frénétiques.
Dans ce spectacle total qui croise plusieurs formes esthétiques avec brio, le sens échappe parfois un peu : si l'on veut bien voir une articulation entre le politique, la transgression et le divertissement dans ce cabaret nouvelle génération, on ne sait pas toujours à quoi nous mènent ces interrogations sur les rapports entre individu et collectif, sur notre fonctionnement social, sur notre besoin d'ivresse pour nous extirper du réel. Peut-être ne nous mènent-elles d'ailleurs nulle part, dans une opacité volontaire, et c'est sans doute très bien ainsi. A chacun de trouver son chemin dans ce mélange de genres aussi beau qu'étrange.

La Zampa - Opium
Une proposition de Magali Milian et Romuald Luydlin
Avec la collaboration de Laurent Bénard, Benjamin Chaval,  Sophie Lequenne, Valérie Leroux, Romuald Luydlin,  Corine Milian, Magali Milian, Manusound, Lucie Patarozzi, Denis Rateau, Marc Sens, Anna Vanneau.
Durée 1h10
©Sandy Korzekwa

Les dates:

- Les 8 et 9 mars 2016 à l’odéon - Théâtre de Nîmes
 ( 30)

- Le 14 octobre 2016 au Théâtre de l'Archipel à Perpignan (66)

Le site de la compagnie

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