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aSH : le voyage spirituel fascinant de Shantala Shivalingappa et Aurélien Bory

  • Écrit par : Edith Huguet

ashPar Edith Huguet - Lagrandeparade.fr/ aSH est le dernier opus de la Trilogie des portraits de femmes d'Aurélien Bory,  aprés l'avoir initié avec "Questcequetudeviens" en 2008 et poursuivie en 2012 avec "Plexus". Suite à une rencontre bouleversante avec Shantala Shivalingappa, il lui offre une brillante création empreinte de force, de poésie et de beauté. Cette chorégraphie est le mariage de l'art moderne - magnifié par une scénographie magique où la technicité est fascinante - et la tradition où le sacré s'épanouit dans la théâtralité d'une danse classique indienne (kuchipulli).

Dans Shivalingappa, il y a Shiva, le dieu de la danse, qui, lorsqu'il danse, représente l'âme universelle et éternelle irradiant d'énergie. Shiva dont l'intention première vient de sa compassion envers tous les êtres, créateur et protecteur divin, est aussi le Dieu destructeur, puissant et terrifiant. 

Des sons rituels et linéaires s'élèvent des percussions de Loïc Schild. Dans la pénombre, une silhouette se distingue. Elle semble germer en poussées lentes comme une semence qui aurait donné vie. Elle se recueille devant des éléments muraux imposants qui se métamorphosent dans une harmonie parfaite des formes et des sons. Puis Shantala entre dans une danse spirituelle, une poésie muette où elle va au plus profond d'elle-même pour narrer son histoire. Son corps habité en totalité nous parle en silence de respect et d'amour. Si frêle et légère elle danse avec force et précision, grande rigueur et une grâce exquise. Shiva vibre dans Shantala : son expressivité frôle le raffinement et la perfection.
Shiva prend la forme de la montagne. Ce lieu puissant et sacré qui permet à l'âme d'atteindre la relation divine, l'illumination spirituelle et de se débarrasser de son karma négatif. Mais Bhairava (Shiva sous sa forme terrifiante) n'est pas loin. La colère divine se manifeste. Un vent puissant se lève, le tonnerre gronde et résonne, des sons glaçants de la nature déchainée ébranlent l'atmosphère. 
  
Cet épisode cauchemardesque emporte le spectateur dans des zones de turbulences saisissantes jusqu'à l'effondrement, le chaos. Shantala continue au travers de sa danse le processus éternel de conservation du monde. Là, elle répand sur le sol la terre cendre fertile. Chaque pas effectué s'évertue avec une précision extrême à dessiner une fresque aux rosaces parfaites proche de la fleur de vie (symbole de géométrie sacrée ). Elle marque de son talon le rythme ternaire du Tantara symbolisant la création du monde. Le pieds droit prend un appui fort en écrasant le démon de l'ignorance et des passions. 

Elle enchaine en cascade de complexes figures rythmiques fluides, ondulantes, des poses sculpturales, avec une dextérité et une virtuosité magistrale. Puis tout se trouble, le néant..La cendre est un état amorphe qui invite à observer l'humilité devant l'univers. Elle symbolise l'annihilation, la mortification, la pénitence. Mais la cendre humide garde tout son pouvoir de régénérescence. Le feu sacré couve sous la cendre et protège la vie. Shiva va faire grouiller ses serpents. Shantala, tel le seigneur des lieux de crémation, a couvert son corps de cette cendre qui nettoie et purifie. Elle s'écroule, s'enfonce mais "le dieu des rêves et de l'obscurité redonne la force aux corps fatigués". La cendre partage le symbolisme de la grotte et de la caverne. Aurélien Bory termine ce voyage lyrique en apothéose. Lorsque Shiva et son pouvoir énergétique s'unissent : l'univers jaillit. Le brahman est sans début ni fin, cet absolu engendre au moment de la création la multiplicité divisible.
Une pièce d'exception où se conjuguent ingéniosité, poésie, générosité, sincérité, amour et respect. 

ashaSH, pièce pour Shantala Shivalingappa
Conception, scénographie et mise en scène : Aurélien Bory
Avec Shantala Shivalingappa et Loïc Schild (percussions)
Collaboration artistique : Taïcyr Fadel
Création lumière : Arno Veyrat
Composition musicale : Joan Cambon 
Conception technique décor : Pierre Dequivre, Stéphane Chipeaux-Dardé
Costumes : Manuela Agnesini avec l’aide précieuse de Nathalie Trouvé 
Régie générale : Arno Veyrat
Régie plateau : Thomas Dupeyron
Régie son : Stéphane Ley
Assistant à la création lumière et régie : Mallory Duhamel
Directrice des productions : Florence Meurisse 
Administrateur : Clément Séguier-Faucher
Chargée de production : Justine Cailliau Konkoj
Presse : Agence Plan Bey
Crédit-photos : Aglaé Bory
Production : Compagnie 111 – Aurélien Bory
Coproduction : Festival Montpellier Danse 2018, ThéâtredelaCité – CDN Toulouse Occitanie, Agora – PNAC Boulazac Nouvelle-Aquitaine, 
La Scala - Paris, L’Onde Théâtre Centre d’Art de Vélizy - Villacoublay
Avec la participation artistique de l’ENSATT - Lyon
Accueil en répétitions et résidences : La nouvelle Digue - Toulouse, TNT - Théâtre National de Toulouse
La Compagnie 111 – Aurélien Bory est conventionnée par la Direction Régionale des Affaires Culturelles Occitanie / Ministère de la Culture et de la Communication, la Région Occitanie / Pyrénées - Méditerranée et la Mairie de Toulouse. Elle reçoit le soutien du Conseil Départemental de la Haute-Garonne.

Durée : 1h15
www.cie111.com

Dates et lieux des représentations :
- Les Mer. 27, jeu. 28 & ven. 29 juin 2018 à 20h à hTh / Grammont - Festival Montpellier Danse
- Les 12 au 14 décembre 2018, TJP - CDN Strasbourg, France
- Les 8, 9 janvier 2019 , Maison de la Culture, Bourges, France
- Le 13 janvier 2019 , Équinoxe scène nationale, Châteauroux, France
- Le 17 janvier 2019, Agora Pôle national des arts du cirque, Boulazac, France
- Du 16 février au 1er mars 2019, La Scala, Paris, France
- Le 24 mai 2019, Théâtre de l’Olivier, Istres, France
- Les 28, 29 mai 2019, Théâtre de Caen, Caen, France


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