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Cessez-le-feu : les sanglantes éclaboussures que nulle eau ni savon ne pourront nettoyer

  • Écrit par : Nelly Bonnet

Cessez le feuPar Nelly Bonnet - Lagrandeparade.fr/ Argonne 1916. Plongeon brut et traumatique dans une tranchée française entre deux tirs d’obus. Cauchemar de corps éteints dans la poussière et de chair qui vole sur fond d’explosions, de hurlements, de folie.

 

Puis 1923. Comme ça. Brutalement. Le calme d’une jolie maison Nantaise, sa petite rue paisible…Le contraste entre les deux premiers décors à l’écran est violent, reflet de l’état intérieur de ses principaux personnages, rentrés du front avec des blessures qui ne sont pas apparentes. La guerre a laissé à Marcel ses deux bras et ses deux jambes, mais en retour lui a pris tous ses mots. Il n’entend plus, ne parle pas, il n’est pas revenu entier. Son infirmité à lui est une muselière, celle de son frère Georges prend corps dans une colère qu’aucune fuite en avant ou éloignement en colonie ne pourra faire passer. Le courant, l’eau et ses ondes maintiendront ouvert son passage de l’Afrique à la France.
Le voyage proposé par le film est pourtant moins géographique qu’intérieur. La culpabilité du retour, d’être vivant mais plus aussi certain que rien ne vaut la vie. D’avoir de la difficulté à y trouver sa place alors qu’elle a continué sans vous.
Au service de ces thèmes communs à notre époque et celle, à la fois proche et lointaine du récit, trois incarnations franches, sans effets ni lourdeurs : Grégory Gadebois dont le jeu en silence nous suspend à la crainte de voir se déverser les tourments et l’effroi contenus. Romain Duris en lutte et en équilibre entre agressivité et lâcher-prise, présence féroce, tension féroce, classe (n’en parlons pas…). Céline Sallette, à peine plus bavarde mais beaucoup plus forte, en professeur de langue des signes sur laquelle les deux frères chacun à sa manière vont pourvoir s’appuyer.
La base du scénario est une pièce inspirée au réalisateur par la présence invisible d’un grand-père dont les photos et les médailles ont fait surgir une histoire familiale rejoignant celles de nombre de mémoires et souvenirs. Son ampleur historique ne renie pas sa dimension romanesque. L’évidence d’une étreinte sous la pluie, celle non moins torride d’un lit où l’on se vouvoie encore, la gestuelle douce d’un Dormeur du val silencieux recouvrent par instant, les sanglantes éclaboussures que nulle eau ni savon ne pourront nettoyer.

Cessez-le-feu
Un film d’Emmanuel Courcol
Avec Romain Duris, Grégory Gadebois, Céline Sallette....
Sortie en France :  le 19 Avril 2017

Découvert en Avant-Première au Festival Itinérances d'Alès ( 30)

 

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