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Les loyautés : Delphine de Vigan, l’écrivaine de la « sociale »

ViganPar Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / Un enfant du divorce. Des adultes cabossés. Des pré-ados qui s’apprêtent à entrer dans le monde adulte par la mauvaise porte. Une jeune femme au passé d’enfant battue… Là, comme ça, ça pourrait ressembler à du Zola.

Ce pourrait être une plongée dans un monde de l’horreur… sauf que « Les loyautés », ce nouveau roman au titre aussi beau qu’énigmatique de Delphine de Vigan (entre autres, « No et moi », « Les Heures souterraines » ou encore « D’après une histoire vraie »), évite tous les pièges que sous-tend le genre. Delphine de Vigan est une écrivaine de la « sociale », oui, mais la dimension littéraire est toujours là. Et aussi la distance utile, nécessaire et indispensable. L’auteure, là encore, ne juge pas, ne commente pas. Elle observe. Ainsi, dans « Les loyautés », quatre personnages : deux adultes- Hélène Destrée et Cécile, et deux pré-ados (à peine 13 ans)- Théo Lubin et Mathis Guillaume. « Ce sont les lois de l’enfance qui sommeillent à l’intérieur de nos corps, les valeurs au nom desquelles nous nous tenons droits, les fondements qui nous permettent de résister, les principes illisibles qui nous rongent et nous enferment. Nos ailes et nos carcans. Ce sont les tremplins sur lesquels nos forces se déploient et les tranchées dans lesquelles nous enterrons nos rêves », lit-on. Hélène est professeure de SVT au collège ; dans sa classe de 5ème, elle remarque Théo, cet enfant qui, très vite, « a appris à jouer le rôle qu'on attendait de lui. Mots délivrés au compte-gouttes, expression neutre, regard baissé. Ne pas donner prise. Des deux côtés de la frontière, le silence s'est imposé comme la meilleure posture, la moins périlleuse ». Un enfant qui tente d’échapper à son mal-être, à la maltraitance psychologique en se lançant, et en y entraînant son copain Mathis, dans la consommation sans modération et excessive d’alcool (vodka, surtout). Hélène, la professeure, veut comprendre- elle qui, enfant, fut battue par un père qui avait trouvé là un jeu… Cécile, la mère de Mathis, est larguée, tente de repointer le bout de son nez au dessus de la ligne de flottaison quand elle pressent le drame au devant duquel courent son fils et son copain. Assurément, un des grands romans de cette rentrée hivernale 2018. Un livre-coup de poing, follement salutaire.

Les loyautés
Auteur : Delphine de Vigan
Editions : JC Lattès
Parution : 3 janvier 2018
Prix : 17 €

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