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Artahe le Dieu-ours : un roman violent, profondément ancré dans le terroir pyrénéen, qui s’inspire du mythe autour de l’animal

ArtahePar Sylvie Gagnère - Lagrandeparade.fr/ Après dix années passées à Paris, Arnaud revient vivre à Raynat, village pyrénéen moribond. Il retrouve avec émotion Berthe Galy, une vieille femme maintenant invalide qui a aidé sa grand‐mère à l’élever après la mort de ses parents, ainsi que Cathy, une amie d’enfance qu’un accident a rendue aveugle. Son retour coïncide avec l’apparition d’un mystérieux ours qui ne se contente bientôt plus de massacrer des moutons et s’attaque aux hommes.
Profondément ancré dans un terroir, le roman place au cœur de son intrigue un animal emblématique des Pyrénées, l’ours, dont la présence est aujourd’hui fortement contestée ou vigoureusement soutenue.
Ce qui semble au départ la chronique d’un choix de vie devient bien vite un combat pour ou contre l’ours. Mais ce qui pourrait n’être qu’un énième affrontement entre tenants de sa réintégration et ennemis jurés de cette dernière glisse doucement vers quelque chose de bien plus noir. Culte d’un Dieu sanguinaire, dérives sectaires, sacrifices (humains et animaux), assassinats, la violence imprègne les pages et cette histoire pleine de sauvagerie.
L’ambiance est parfaitement exprimée, et le rythme très prenant. Un bémol toutefois sur les personnages, et en particulier Arnaud, le héros de ce récit. Son cheminement n’est pas toujours très crédible, il est inconstant et cela rend difficile une identification, une accroche ; au contraire de Berthe, qui connaît une évolution très forte au fur et à mesure que se révèlent les secrets du village.
L’autre bémol est très subjectif : le culte dédié à l’ours dans ce roman est extrêmement violent, d’une violence tout à fait gratuite qui ne semble pas en accord avec ce qu’un animal, fut-il un dieu, exigerait. L’auteur évoque d’ailleurs parfois une sorte de dévoiement de la religion par certains de ces adeptes, qui la rendent terriblement sanguinaire, tandis que d’autres souhaiteraient l’ « adoucir ». Mais Artahe le Dieu-ours ne développe pas cette idée, et l’on reste sur cette image d’une vénération barbare qui propose de l’ours une représentation particulièrement négative.
Toutefois, l’intrigue est assez forte pour pousser le lecteur à aller au bout du roman, et l’intérêt ne faiblit pas. La construction qui intercale, entre des chapitres consacrés à l’aventure de nos jours, des récits qui concernent le culte du Dieu Ours à différentes époques est très réussie et donne une dimension historique bienvenue.


Artahe le Dieu-ours 
Auteur : Philippe Ward
Éditeur : Cairn Eds
Collection : Polar
Parution : février 2018
Prix : 17 €

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